16/02/2009

Rester connecté fait partie des ressources vitales

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Parce que c’était le cas au début, l’idée s’est installée que le web était le territoires de gens jeunes et avec des revenus élevés (les fameux CSP+). C’est d’autant moins le cas aujourd’hui, si l’on considère que l’on s’approche du plafond de pénétration. C’est d’autant moins vrai si l’on est attentif à la place de la connexion et des usages web dans les populations moins privilégiées.
Je n’ai pas retrouvé la trace d’un excellent article qui racontait, il y a au moins 5 ans, le désarroi d’un SDF new-yorkais qui, du fait d’un programme de réinsertion, avait perdu l’accès internet dont il profitait dans un squat et le lien d’avec la société qu’il représentait.
On peut aussi s’interroger sur le sens réel des réfugiés des cybercafés. Sont-ils réfugiés en ces lieux par commodités ? par ancrage sur des lieux correspondant à leurs pratiques culturelles ? ou parce que l’accès au réseau est essentiel au sens qu’ils donnent à la société ?
Et d’ailleurs, sans aller à l’autre bout de la planète, n’est-ce pas de fracture sociale dont parlent les jeunes qui n’ont pas d’accès chez eux, tel que l’avais rapporté Hubert, à propos des jeunes et des nouveaux médias, en décembre dernier.
Cela fait plusieurs fois que j’entend, ou que je lis des choses à propos de grandes enquêtes sociologiques, pointant l’internet comme un élément quasi vital. Dans un contexte où la débrouille et la nécessité d’échanger et de collaborer est plus qu’essentielle, le portable et l’accès personnel au réseau se sont élevés au rang d’éléments fondamentaux de l’existence.
C’est ce que l’on retrouve aussi dans le dernier numéro de Courrier International, avec plusieurs articles consacrés aux postures frugales. Le cas d’Ilona Richards, une anglaise vivant près de Leeds, raconté par le Yorkshire Post, est éclairant. Dans le choix entre “ce dont on a besoin” et “ce dont on a envie”, celle qui préfère laisser sa chaudière éteinte, indique qu’elle ne pourrait par contre pas se passer de sa connexion haut-débit. Moi-même j’en connais qui, par choix ou par nécessité, ont choisi de vivre chichement ou avec frugalité, mais qui défendent bec et ongle leur connexion au monde, avec mobile, connexion et bécane de qualité.
Une fois de plus,cela démontre que monsieur tout le monde sait parfaitement quelle importance a l’accès au réseau et le sens que peut avoir le terme “social” sur le web. Ce n’est pas encore le cas de bien des territoires, qui commencent à peine à poser la question, ou de l’Etat, qui n’a pas encore intégré ce facteur dans la définition du lien social et qui prête la sourde oreille aux organisations qui pointent l’impact potentiel d’Hadopi à vouloir couper de l’accès à tout crin. Ce n’est également pas le cas des marques, qui se maintiennent dans l’aspect CSP+ du web, alors que les usages sociaux sont beaucoup plus démocratisés que cela et que le champ de la consommation online va bien au-delà d’une élite.

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