18/09/2007

Et tous furent frappés de la grandeur de Dieu

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

J’admet parfois tomber moi aussi dans l’angélisme des lendemains numériques qui chantent, mais tout de même. Ces dernières semaines, il faut remercier Francis Pisani de nous avoir gratifié de quelques billets opportuns et propices à de belles discussions enflammées. C’est notamment le cas de celui-ci où, rebondissant sur ce passionnant débat de l’asservissement des utilisateurs de services web 2, on voit bien combien le marketing dérive vers l’élaboration de doctrines où pullulent les références plus ou moins théologiques. Il est vrai que ce n’est pas nouveau, puisque la fonction d’évangéliste est aussi ancienne que l’internet lui-même. Nous avons certes le droit de nous faire les fidèles de telle ou telle chapelle, il ne faudrait pas pour autant oublier que derrière le prosélytisme, il y a le modèle économique et que l’instrumentalisation des foules sert surtout à dégommer celui du concurrent.


Mais la queue du mickey a été décrochée ce jour par Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook. Bon, Facebook,c’est de la balle, ils ont tout compris, manque peut-être un peu de subtilité ou d’humilité. À ceux qui n’auraient pas encore compris qu’en dehors des écosystèmes, point de salut, Mark Zuckerberg annonce un fond pour venir en aide aux développeurs nécessiteux qui voudraient créer pour le sien. Un bel exemple d’économie de la connaissance appliquée. Mais tout cela n’est rien.
La semaine dernière, Mac Manus s’interrogeait sur le sens qu’il fallait donner à la notion de social graph. Facebook est à ce titre un terrain de jeu fascinant puisque les applications de ce genre y pullulent (ci-joint une friends-wheel) et Zuckerberg nous a éclairé de sa conviction profonde, de sa foi, en nous disant que Facebook n’a rien moins comme but de modéliser le monde.

“[le social graph], c’est l’ensemble des relations de toutes les personnes dans le monde. Il y en a un seul et il comprend tout le monde. Personne ne le possède. Ce que nous essayons de faire c’est de le modeler, de représenter exactement le monde réel en en dressant la carte (to mirror the real world by mapping it out).” (merci Transnets).

Facebook sera donc le monde et c’est le grand oeuvre que se dessine à lui même Mark Zuckerberg. Ce garçon est (très) jeune, il a donc du culot et il a bien appris la leçon de Brin et Page sur la nécessité d’emballer son business sous la posture de bienfaiteur de l’humanité. On n’est pas client de leurs services, on en est des fidèles. Jobs est peut-être un demi-dieu, mais il y a du monde qui prétend au Panthéon.
Au prime abord, j’ai envie de dire que tout ça c’est de la mousse au dessus d’un putain de business énorme. Cela dit, n’oublions pas que le coeur de cible de Facebook, ce sont des étudiants pas plus âgés que lui et c’est le propre de toute génération à ce stade de développer sa vision du monde. Historiquement c’est un peu plus transgressif, sauf à considérer qu’en s’appropriant à plein les instruments de l’économie du XXIe siècle et en y appliquant le marketing qui va avec, ils se donnent effectivement les moyens de leur ambition.

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