25/03/2005

Stagnation

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Le Forum Economique Mondial vient de publier son quatrième tableau de bord du classement international des pays mettant le mieux en oeuvre les TIC.
C’est un des multiples indicateurs internationaux dont certains mettent souvent en doute la crédibilité, mais il faut reconnaître que la place de la France n’y est que trop rarement flatteuse. C’est le moins que l’on puisse dire.


La France est 20e et perd une place par rapport à 2003 et nous nous rassurerons peut-être en voyant la plupart des pays développés perdre du terrain face à différentes économies asiatiques. Pour mémoire, comme attendu, les nordiques tiennent la corde en Europe, avec l’Islande (2e), la Finlande (3e), le Danemark (4e). Devant nous le nord de l’Europe, hors la Belgique.
Certes, notre beau pays fait des efforts, mais on souligne à mon goût un peu vite ces progrès. Les autres aussi progressent et parfois plus vite. S’il est un facteur qui est à la base de notre mauvais classement, c’est le taux d’investissement dans les TIC, sur lequel nous ne sommes que 27e. C’est un point très important. Les économistes ne connaissent en effet que trop bien l’impact des TIC dans la croissance.
Au Canada par exemple, il a été démontré, notamment à l’échelle régionale, qu’une politique fortement axée sur la société de l’information permettait de gagner 1% de croissance supplémentaire. Cela est de bon augure pour les territoires qui investissent massivement. Voilà qui donne de l’espoir quand une région comme le Limousin va voir investit 86M€ en deux ans.
Notre gouvernement, en recherche de gains de croissance ferait donc bien de pousser le curseur. JM Billaut a donc raison d’alerter le Président. Il est sérieusement temps de s’y mettre et de penser en un peu plus qu’en équivalent rond point.
Mais si l’infrastructure est essentielle, il est fondamental de ne pas se contenter de tuyaux. Encore faut-il que ce terreau fertilise quelque chose. Le politique doit dépasser une vision d’aménagement et se préoccuper sérieusement d’économie et d’innovation.
En France et plus particulièrement en province, l’investissement privé dans le domaine des TIC est trop timide.
La filière TIC française digère la phase de récession des métiers du service informatique (-10% ces trois dernières années) et en est encore à se consolider. Sur ces bases, les grands projets innovants et ambitieux sont rares.
Les autres entreprises continuent d’investir dans leur système d’information. Le marché des ERP est sur de bons rails, mais ce sont des investissements qui auraient déjà du être engagés plus tôt. L’heure des services externes, e-commerce en tête devrait finir par arriver, mais nous sommes en retard et certains commencent à faire le rapprochement entre les nombreuses défaillances d’entreprises que l’on constate ces dernier temps et l’absence d’investissement, notamment en terme informatique et TIC.
L’administration électronique a de bons résultats et l’Etat impulse une bonne dynamique que l’on attend voir relayée par les collectivités locales.
Enfin, certainement que la recherche française n’est pas assez soutenue, mais on ne voit toujours pas de passerelle productive avec les entreprises et notamment les PME. La matière grise manque de vecteurs de transformation pour véritablement générer de la valeur ajoutée, des emplois et de la croissance.
On n’a donc, à mon avis, pas assez pris conscience que les carburateurs sont sous-dimensionnés et qu’il manque de l’essence dans le réservoir. La courroie de transmission entre recherche et entreprise patine, la dynamique privée est trop timide et l’épargne des français est trop orientée vers autre chose que le soutient à l’investissement dans l’innovation.
Tout cela a été constaté par des gouvernements, de droite comme de gauche, mais rien de véritablement ambitieux n’est sorti du chapeau ces dix dernières années.
Avec le temps et à l’heure du débat européen, je me demande donc si ce n’est pas à ce niveau et en liaison avec les régions, qu’il faut chercher la solution. En tous les cas, sur la couche infrastructure, c’est un peu ce qui se passe. Toujours est-il que nos petites querelles franco-françaises et le repli sur soi ne sont certainement pas la solution, d’autant plus qu’il devient franchement temps d’avancer.

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