23/01/2009

Obama : stratégie nouvelle génération

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Barack Obama est-il aussi le symbole du basculement numérique ? On est en droit de se poser la question.
Je ne reviendrai pas sur ce qui s’est passé pendant la séquence électorale. je redis ici que c’était moins du réseau social qu’un énorme jeu en réseau. Mais peu importe. en ayant une stratégie totalement intégrée, sans distinction des aspects numériques, on a là l’idée même de la modernité dans l’action.
Je ne reviendrai pas non plus sur l’adoption sans concession du copyleft et d’une vision résolument moderne du contenu. La quête de la photo inspiratrice du portrait officiel que je mettais en lumière lundi en est une bonne illustration et le commentaire qu’a fait Florent rajoute à la mythologie que cette histoire prend.
CNNLIve.com.pngL’investiture, mardi, au-delà d’être un événement planétaire incroyable, restera sans doute aussi comme une date clé des grands événements sur le réseau. Les chiffres donnent le vertige, jusqu’à découvrir qu’Obama a asséché l’audience de Google le temps de l’événement.. La retransmission live de CNN avec le feed Facebook en vis-à-vis (photo) a eu un énorme succès. C’est sans doute la pub qu’il fallait à Facebook Connect pour démontrer la puissance de l’instrument. En même temps, Hack the debate, la diffusion simultanée des tweets, en surtitrage du troisième débat Obama/MacCain sur Current TV était de mon point de vue beaucoup plus signifiant et fort de la disruption que peut produire le web social sur le politique (et le reste aussi !). Vous pouvez relire ici le billet que j’ai consacré à cela.
Mais surtout, il y a ce qui s’est passé depuis l’élection et maintenant, avec une réponse proprement jouissive à tout ce qu’on attendrai des promesses de disruption à la sauce numérique de la manière de conduire la politique. Et toujours cette totale intégration du fait numérique dans la stratégie …


Passons sur la transmission du compte Twitter de l’ancienne à la nouvelle administration. Twitter n’est plus un gadget, même la SEC s’en sert (allo, la COB ?).
Signalons qu’à la minute où Obama prêtait serment, le site de la maison blanche basculait et s’installait déjà comme une étude de cas. Enfin, “site”, on pourrait dire “blog”. C’est en tous les cas ce qui est marqué dessus. Certes, il n’y a pas de commentaires, mais c’est bien un support marqué par l’information en flux.
ChangeDigg.pngMais il y a surtout tout le reste. Mashable US a publié une excellente revue de tous les supports numériques, officiels ou non, à disposition des citoyens américains.
Le nouveau site de la maison blanche ne saurait faire oublier Change.gov, avec notamment le Citizen briefing book, un digg-like à la sauce politique qui dégueule de propositions et qui a son pendant “off”, en bonne continuité de Dailykos, cette sorte de partie démocrate pirate qui avait sacrément aiguillonné le vrai pendant que celui-ci ruminait son frein.
Et puis, si tant est que les militants manque de quoi que ce soit parmi tous les sites participatifs de la nouvelle administration, sans parler des sites officieux, USA Service montre que le jeu de la séquence électorale continue tout pareil…
Si ça ne suffisait pas, la presse s’en même. Le New-York Times a lancé une API pour jouer avec le Congrès et Le washington post fait encore plus fort avec WhoRunsGov. Quand la libération de la donnée politique devient un business très dynamique, comme le souligne ReadWriteWeb.
Le plus jouissif pour moi dans tout cela, c’est qu’il n’y a aucune espèce de novation technologique. Aucun service n’est nouveau. L’ensemble est même peuplé de clônes et adaptations de modèles parfaitement connus. Toute la valeur est dans une stratégie totalement intégrée et son exécution. Le digital n’y est pas le début de l’ombre d’un sujet spécial.
Obama est bien dans le XXIe siècle, dans l’économie de la connaissance et la société de l’information. Il en fait partie. Ce qu’il fait respire un modèle en flux à la Google, où la valeur est dans la circulation des idées et de la participation, où tout ce qui se passe, que ce soit digital ou non, participe d’une seule et même expérience, d’une seule et même conduction. Il n’y a pas de décalage, que l’on soit en mode virtuel ou réel, tout est phasé et aligné. Tout est pensé, analysé, recalé et impulsé dans le souci de la performance. Tout est propre et léché dans le moindre des détails. Ils pourraient presque donner des leçons à Apple sur ce plan ! Ceux qui ne voient que les outils et la tactique se trompent. C’est un problème de culture et d’embrassement de la modernité économique, sociale et politique. La valeur est dans l’ADN, ce qui risque de poser quelques problèmes à ceux qui pensent que le copie-coller suffira.
L’administration Obama, c’est la première vraie machine de guerre politique nouvelle génération !

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